adjectif et substantif adverbe
Dans ses Harmoniques parues en 2011, Marc Martiniani évoque en ces termes le rapport de son personnage avec la nature : « Dans bucolique, il y a colique et dans pastoral, il y a râle et c’était à peu près tout ce que la campagne lui inspirait… ». Au-delà du savoureux jeu de mot, quel rapport le terme bucolique entretient-il avec la nature ou comment les sonorités fécales résonnent-elles dans le champ lexical ?
A l’instar du proverbe voulant que les apparences soient trompeuses, « bucolique » ne trouve pas son radical dans le terme « colique ». Un petit retour étymologique s’impose donc ici sans pour autant se laisser aller à une logorrhée verbale… Le terme « bucolique » est un adjectif qualificatif issu du nom bucolika, un pluriel neutre, désignant les poèmes pastoraux de Virgile et de Théocrite. Autrement dit, il trouve ses racines dans le nom bukolo c’est-à-dire « le bouvier, le pâtre ». Est donc considéré comme bucolique tout ce qui entretient un rapport avec la vie à la campagne et les activités ancestrales que l’on peut y exercer.
Ce mot traduit une vision idéalisée de la ruralité. En effet, en littérature, Les Bucoliques de Virgile avaient pour thème central des bergers bien nés qui, délivrés fort heureusement des tâches besogneuses de la surveillance et de l’entretien des troupeaux, allaient compter platoniquement fleurette. Dire que quelque chose est bucolique, c’est insister sur son côté naturel, charmant, naïf et reposant. Un paysage qualifié de tel, sera par exemple composé d’une végétation riante au cœur de laquelle on représentera une chaumière à la cheminée fumante baignant dans une douce lumière ou un petit pont de pierre au-dessus d’une rivière.
Le bucolique, c’est un peu le tableau de chez mémé : un ailleurs temporel, un âge d’or idéalisé n’existant que dans un imaginaire collectif…