substantif
Le terme de technocrate trouve ses origines au coeur de la langue grecque : Teché qui désigne le savoir faire et Kratos qui désigne la capacité à gouverner et le pouvoir.
Le technocrate est un responsable, un expert, ayant un important rôle politique. Il base toutes ses décisions en favorisant les aspects techniques. Le rationnel l’emporte sur les questions purement politiques ou d’opinion publique. Les prises de décisions du technocrate se fondent sur des informations précises et vérifiées. Il est généralement un expert en économie et les gouvernements font appel à lui notamment en temps de crise.
Le terme de technocrate et cet ordre de pensée sont apparus en France au lendemain de la première guerre mondiale. Un des fondateurs de ce mouvement est Etienne Clémentel, un homme politique qui fut ministre à plusieurs reprises et à qui l’on doit entre autres, la création des régions, et la proposition d’un plan économique, qui est aujourd’hui considéré comme naissance de la technocratie à proprement parler, et qu’il remet à Georges Clémenceau en 1919. Dès lors, le nombre d’adhérents à ce nouvel ordre d’idée, rationnel, scientifique, riche de nombreux experts économiques, accroît rapidement. Ce nouvel ordre social s’emploie à valoriser et favoriser les domaines techniques et scientifiques. La rationalité et la fiabilité pour moteur. Les technocrates sont de plus en plus nombreux en France. Le mouvement connaît un véritable essor dans les années trente. A l’instar des Etats-Unis qui connaissent durant la même période, la Grande Dépression.
C’est au cours de la Grande Dépression que la technocratie prend réellement racine aux Etats-Unis. La population découvre alors le terme de technocrate. La technocratie s’inscrit clairement comme dénonciateur des fautes d’un gouvernement ayant provoqué la crise à grand renfort de capitalisme et prône à la place un gouvernement devant appliquer des prises de décisions essentiellement basées sur les aspects techniques de chaque problème et sujet important du pays. Se basant sur l’accusation simple que le gouvernement jusqu’alors en place s’est avéré incompétent et corrompu, le concept est intégré et bien implanté dès 1932. Les années 30 voient une période de grand essor du mouvement technocrate. Ils ont pour objectif de pousser à l’accroissement de production des richesses qui permettrait rapidement de créer un essor économique d’abondance.
Dans la même période, en France, les groupes appelés “Le groupe du neuf juillet” et “groupe X-Crise” voient le jour en 1934. Ils sont composés de polytechniciens avec à leur tête Jean Coutrot. Jean Coutrot a fait polytechnique avant de partir à la guerre où il sera mutilé. Ce qui ne l’empêchera pas de diriger le mouvement technocrate en France, de devenir ministre de l’économie ni de militer pour le service civil. Ces groupes d’importance et à l’influence évidente, proposent alors un plan économique pour le pays.
Leur plan est basé sur le développement de modèles macroéconomiques et d’économétrie qui est un moyen de tester et d’évaluer les modèles économiques avant de les appliquer. Ils veulent l’abandon total du libéralisme économique. Pour eux, le libéralisme économique est une économie aveugle, qu’il faut impérativement remplacer par une économie consciente.
Il s’agit donc clairement d’établir un nouvel ordre social qui se veut rationnel, étudié, prouvé, appliqué avec toute la rigueur scientifique.
Les principes des technocrates visent donc à instaurer un système de politique s’appuyant essentiellement et prioritairement sur les valeurs de fiabilité et de rigueur incontestables de la science. Faire absolument prévaloir sur le politique, les aspects industriels, techniques et économiques.
Les technocrates affirment haut et fort, pour reprendre les propos de Howard Scott (expert à la personnalité charismatique), que la révolution technologique prendra le pas inévitablement sur les anciens concepts économiques désormais obsolètes.
On retrouve tous ces éléments avec force de détails dans l’oeuvre de Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon. Un philosophe et économiste français. Il a instauré la proposition de création d’un comité européen qui serait constitué de neuf artistes et douze scientifiques triés parmi les plus grands experts de l’époque. Leur but étant de pourvoir au progrès de la civilisation par leurs compétences spécifiques.
Pendant les périodes de crise, en France comme aux Etats-Unis, que ce soit après la première guerre mondiale, pendant la Grande Dépression ou encore pendant le régime de Vichy, le mouvement technocrate s’est vu octroyé une très grande influence sur l’état. En période difficile, économiquement, comme en situation d’après-guerre, des idées basées sur des expertises, et de plus très optimiste, a de quoi séduire les masses. Avec le temps cependant, il leur sera reproché de ne pas pouvoir faire mieux que les politiques et de ne proposer que des solutions d’organisation aux problèmes sans pour autant les régler. Le mouvement connait un essor fulgurant dans les années 30 jusqu’aux années 40 seulement. Par la suite, le mouvement n’a eu de cesse de décliner irrémédiablement. Même s’il subsiste encore quelques bribes d’idées technocrates de nos jours, le mouvement à proprement parler n’est plus réellement actif.